Amalfi & Ravello
Depuis Salernes, il prendre un bus qui longe la côte pour accéder à Amalfi. La corniche est étroite et sinueuse, les champs en terrasses plantés de centaines de citronniers descendent jusqu’à la mer. Le chauffeur conduit distraitement. Un œil sur la route, un autre sur une passagère qui lui fait la conversation. Parfois, un violent coup de frein vient interrompre sa conversation. Certains touristes regardent avec angoisse la mer une centaine de mètres plus bas , les habitués ne prêtent aucune attention à ces écarts de conduite. Après presque une heure de route, Amalfi, apparaît nichée dans un repli de la côte, entourée de champs de citronniers.
En ce week end de Pâques où les bus s’entassent par dizaines sur les parkings et les groupes se bousculent dans les ruelles, difficile d’imaginer qu’Amalfi était au Moyen Age l’une des premières puissances maritimes au même titre que Gènes et Venise.
Guillaume des Pouilles rapportent qu’au XIe siècle aucune ville n’était plus riche en or, en argent et en richesses de toutes sortes. A cette époque les Amalfitains commerçaient avec la Tunisie, l’Egypte, la Palestine, la Syrie. De Constantinople, où ils étaient établis, ils ramenaient des épices, du parfum, de l’encens, du miel, amassant de colossales fortunes. Ils furent parmi les premiers à utiliser la boussole et les Tables amalfitaines, des cartes marines, faisaient référence au XVIe siècle.
Aujourd’hui, leurs descendants vendent des crèmes glacées, des cartes postales et du Limoncello aux touristes de passage. Les groupes s’engouffrent dans la rue principale d’Amalfi pour gravir, à la hâte, l’escalier abrupt menant au dôme. C’est le seul monument de la ville. C’est un édifice élégant dont la façade et le clocher sont rehaussés de cabochons émaillés rappelant richesses et les joyaux ramenés, jadis, d’Orient.
Le dôme abrite aussi le cloître du Paradis – entrée payante – où exposées des sculptures, des mosaïques romanes et gothiques, rappelant, elles aussi, l’apogée de cette petite République maritime.
Du parvis, l’on domine la place principale d’Amalfi avec des glaciers, des boutiques de souvenirs et ses cafés. Difficile aujourd’hui de reconnaître derrières les terrasses et les devantures les anciens palais d’armateurs et les maisons de pêcheurs. C’est dommage, l’esprit des lieux, l’histoire, l’héritage ont abdiqué, ont succombé devant le tourisme de masse.
Le Dôme d'Amalfi
Ravello
Depuis Amalfi, il suffit d’une vingtaine de minutes pour aller à Ravello. Ravello est situé un peu en retrait de la côte, à l’abri des attaques maritimes ; une tour rappellent son caractère défensif. On surplombe de plusieurs centaines de mètres (350 m.) le golfe de Salernes. Dès la fin de l’antiquité Ravello a été un refuge pour les exilés ou, plus tard, pour les amants. C’est ici que Greta Garbo cacha ses amours avec le chef d’orchestre Léopold Stokowski et Wagner y trouva le décor idéal pour son Parsifal.
De fait, les touristes y sont nombreux qu’à Amalfi. L’atmosphère est reposante. Ravello est tout petit, les ruelles partent vers le Nord et occupées par des boutiques ou des ateliers de céramiques.
A Ravello, deux villas se partagent la plus grande partie du territoire de la commune : la villa Rufolo et la villa Cimbrone. Cette dernière est aménagée en hôtel de luxe mais on peut en visiter le jardin suspendu sur une crête de la montagne.
La villa Cimbrone
A l’origine se dressait ici un hameau qui fut acheté en 1904 par un lord anglais, Ernest William Beckett. Il y érigea une demeure dans le style troubadour ; mi-villa mi château. Les commentateurs, les guides touristiques ne tarissent pas d’éloges sur les lieux. Selon le cinéaste Gore Vidal qui y séjourna avec Tenesse Williams, il s’agit du plus bel endroit au monde.
Résidant sur la Côte d’Azur je fus un peu déçu par les jardins. Sans être chauvin, je préfère ceux de la villa Ephrussi de Rothschild à Saint-Jean-Cap Ferrat. C’est vrai, ils sont beaux, mais au mois de mars ils n’étaient guère fleuris. En revanche, le panorama depuis le belvédère à l’extrémité du mont Torello est à couper de souffle. Le golfe de Salernes, Amalfi, Capri se déploient sous nos yeux. On semble dominer une partie du monde, ou du moins de la Méditerranée.
Panorama depuis Ravello