Taormine
Ce qui surprend lorsque l'on arrive à Taormine après Catane, bouillante, minérale et sombre, c'est le calme, la douceur, la légèreté de l'air, la luxuriance tropicale de la végétation. Dès la descente du bus on sait que l'on arrive dans un petit paradis.
Evidemment, il ne s'écoule pas beaucoup de temps avant d'arriver à la première boutique de souvenirs. Le Corso Umberto I er , l'artère, principale qui relie la porte de Messine à la porte de Catane, en est rempli. Torchons aux couleurs de l'Italie, de la Sicile , stylos, magnets, bijoux, faïences, tout ce que l'on désire comme souvenirs on le trouve à Taormine. L'un des objets les plus fréquents en Sicile est la Trinacria , le symbole antique de la Sicile , et le "Minchia in Sicilia", le mafieux, souvent accompagné de son épouse. Il est représenté sous les traits d'un petit père avec un béret et un fusil. Si les Italiens et en particulier les Siciliens n'apprécient guère que l'on évoque le sujet en leur présence et que l'on réduise leur pays à ce personnage, les réalités du commerce étant ce qu'elles sont, ils n'hésitent à jouer de la dérision et ces figurines remplissent les étagères des boutiques.
Malgré leur présence les lieux sont charmants. Comme à Syracuse de nombreuses maisons possèdent des balcons en fer forgé rehaussés de potiches en formes de têtes que l'on trouve ici à près de 300€ pièce. Passé la Tour de l'Horloge commence le bourg médiéval avec ses palais, le palais des ducs de Saint-Etienne et la Bada vecchia notamment. Le palais Ciampoli abrite aujourd'hui un restaurant et le palais Corvaja l'Office du Tourisme. Un bel ensemble mêlant influences arabes et gothiques. Mais l'accueil dans ces belles salles couvertes de voûtes d'ogives est aussi glacial qu'un château fort de Haute Normandie en pleine hiver. La place du IX Aprile ressemble à un décor d'opérette avec ses édifices harmonieusement disposés autour d'une esplanade dominant le Cap Taormina et le théâtre grec : l'église gothique Saint-Sébastien à gauche, l'église Saint-Joseph et sa façade baroque sur la droite et au fond la tour de l'Horloge qui ferme la perspective. C'est là que je déjeunerai ce midi. Déjeuner est un grand mot car je me contente d'un café et d'un tremezzino au thon. Près de 6€ le tramezzino, c'est presque deux fois plus cher qu'à San Remo mais l'endroit les vaut bien. Un chat vient me tenir compagnie. C'est un habitué des lieux. Il n'a plus qu'un oeil mais le bon, il repère sans problème le touriste qui acceptera de partager son repas. Il n'est guère sociable, il refuse les caresses mais apprécie cependant les miettes de thon même avec de la mayonnaise.
Le théâtre grec
Le théâtre grec est l'un des sites qui font la réputation de Taormine. Après être passé sous des voûtes monumentales on découvre depuis la scène et le théâtre dans toute son ampleur, je dirais même dans sa majesté, enchâssée dans un écrin minéral. Puis vient l'ascension des gradins de la cavea de plus de cent mètres de diamètre. De là haut, face à l'Etna, le temps s'arrête. On a plus envie de bouger, on resterait ici des heures au milieu des herbes et des pousses de fenouil à apprécier le paysage, l'atmosphère paisible et printanière des lieux où, selon Goethe "Jamais public n'a pu admirer de plus merveilleux spectacle". Il ne se trompait pas. Après plus d'une heure passée à m'imprégner de l'atmosphère du lieu et du soleil sicilien, il faut bouger, à regret. Ma destination toute proche est un autre rempli de sérénité : la Villa Municipale Duca Colonna di Cesaró.
La Villa Municipale Duca Colonna di Cesaró
Pour s'y rendre il faut emprunter des rues tortueuses bordées de faïenceries, de boutiques aux façades ensoleillées de fresques ou de panneaux de céramiques. Le patron du Mara Café accepte que je prenne des clichés de son établissement décoré de peintures d'agrumes, même sans consommer un de ses fameux granite qui ont fait sa réputation. De toutes façons à cette heure-ci il ne fait pas à déjeuner, son heure de pointe commence le soir et se termine tard dans la nuit. Le jardin de la Villa Municipale a été créé par Florence Trevelyan en 1890. C'est un jardin anglais planté de palmiers, strelitzias, aux allées rythmées par d'étranges édifices, les victorian follies. Construits en briques dans un style vaguement babylonien, ils servent aujourd'hui d'abris aux oiseaux à en croire mon guide. L'endroit incite à la flânerie et à la rêverie, d'ailleurs quelques couples assis sur un banc restent là figés dans une profonde méditation L'un d'eux a choisi d'être immortalisé dans le bronze pour ne plus quitter à cet endroit merveilleux.
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Panorama sur la Méditerranée depuis Taormine .
Céramique de Taormine rappelant le moyen de transport traditionnel et la culture des figues de barbarie en Sicile.