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Triora est logé dans les montagnes boisées sur les hauteurs de Arma di Taggia.

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Une sorcière accueille les visteurs à l'entrée du village..

trioraParvis de l'a la collégiale.

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L'église San Bernardino (XIIe s.) un peu en contrebas de Triora abrite des fresque de Giovanni Canavesio.

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La cabotina della strega.

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Les anciennes maisons de sorcières
sont aujourd'hui interdites au public.

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Porte peinte avec l'évocation d'une strega...

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... ou de lutins.

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Partie détruite par les Allemands en 1944.

A droite :
aujourd'hui les placettes sont fleuries de roses trémières.

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Triora le village des sorcières

Ma première visite à Triora remonte à bien des années en arrière, il y a plus de 15 ans, un jour d‘hiver. J’en conservais le souvenir d’un village sombre, humide et désert. Que de changement cet été 2015. Les touristes, nombreux mais pas trop, animent le village de leur conversation et de leurs rires. La municipalité a procédé à un fleurissement des principales ruelles et placettes, apportant une note accueillante et chaleureuse à la petite cité.

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Ancienne place du marché.

L’esprit des sorcières plane cependant un peu partout dans ce village de 398 âmes. Il n’émane pas des sorcières de pacotille suspendues dans les vitrines ni des traits avenants du mannequin posé dans la Cabotina, l’antre des sorcières de Triora.

L’histoire de Triora est tragique. Au XVIe siècle, Triora est situé sur un axe reliant l’opulente Gènes à la Suisse, la Prusse via Turin.

Vers 1585, L’Inquisition soupçonna Triora d’être un lieu de passage ou un refuge pour les hérétiques et autres excommuniés en fuite vers la protestante et tolérante Europe du Nord. Le tout sur fond de disette habilement orchestrée par deux riches famillles de Triora, les Borelli et les Faraldi. Les premières accusations se portèrent sur Franchetta Borelli, une femme riche, enviée ayant la réputation d’avoir eu une vie légère dans sa jeunesse. Un chanoine Faraldi fut aussi soupçonné de fabriquer de la fausse monnaie. Selon les paysans les sorcières étaient à l’origine des mauvaises récoltes.

La terrible machine inquisitrice va se mettre en marche. 200 femmes furent passées à la question. En mai 1588, l’inquisiteur dominicain Alberto Fragarola arriva à Triora, bientôt suivi du commissaire spécial de l’Inquisition Giulo Scribani bien décidé à en finir avec ce nid de sorcières. Entre-temps 33 furent convaincues de sorcellerie et 9 femmes succombèrent à la torture. L’Inquisiteur se justifia et assura que « le feu mis sous les pieds n’avait pas dépassé le temps maximum d’une heure » et concluait que « toutes les femmes avaient été assez bien traitées, aux frais de la communauté, et que les tourments n’avaient pas excédé la règle : si quelqu’une pensait avoir subi un tort, parce qu’estropiée ou brûlée dans les supplices, ceci était dû aux mauvais soins des médecins ou de la famille reçus après l’interrogatoire ». La majorité d’entre-elles pratiquaient la médecine traditionnelle et l’herboristerie.

L’affaire se calme lorsque le risque que ces femmes adoptent la religion protestante est éloigné. Les hommes, craignant de voir leur activité de faux monnayeur découverte ont aussi commencé à réagir contre les excès de l’Inquisition, d’autant que les frais d’inquisition étaient supportés par les familles. Enfin le pape met fin au zèle de Giulo Scribani de peur de voir la province se soulever.

Les femmes dans l’attente de leur procès sont déportées dans d’autres villages de Ligurie ; Franchetta revint au village, fut de nouveau torturée et n’avoua rien. Elle termina ses jours tranquillement à Triora et fut inhumée en terre catholique.

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Oratoire à Triora..

Le martyr de Triora recommença les 2 et 3 juillet 1944 lorsque les Allemands mirent le feu à la ville détruisant des quartiers entiers. Aujourd’hui la municipalité a bien valorisé Triora. A l’extrémité sud subsistent toujours La Cabotina, quelques cabanes où les sorcières se réunissaient.  Un mannequin, un chaudron et quelques bocaux évoquent le passé du village.

En visitant ces cabanes, je songe aux drames dont ces murs ont été témoins, aux habitants terrorisés, à leur fuite dans le village, aux cris et aux pleurs et, qui sais, au bûcher dressé sur la place de l’église.

Là, sur ce parvis j’ai trouvé une petite hirondelle clouée au sol par une meute d’insectes ressemblant des araignées. Avec une autre touriste nous l’avons méthodiquement débarassée des ces parasites remplis de sang sous le regard médusé de quelques femmes de Triora.
L’une d’elles m’interdira l’accès à sa boutique parce que j’avais touché l’hirondelle et ces parasites. Elle semblait terrorisée. C’est à ce moment là que je me suis dit que l’esprit des sorcières planait encore.
sur le village.

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Petite cour près de l'ancien four à pain.

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Paysage de Triora.

 

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trioraL'entrée de Triora se veut bucolique : évocation de la vie dans les montagnes, charette et bidon de lait.

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Ruelles de Triora.

trioraAgneau mystique via San Agostino.


trioraPorte de la casa Cheùghi (chirurghi) via San Giovanni Batista datée de 1587.

triora Porte de la casa già Tamagni, deux lions couchés affrontés. La maison appartenait à l'origine à la famille Capponi. (XIIe s.)

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Linteau de la casa Faraldi.

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Le four à pain.

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trioraPortes peintes.

Renseignements pratiques

 

Lien utiles :

http://www.comune.triora.im.it/
https://fr.wikipedia.org/wiki/Triora https://fr.wikipedia.org/sorcières


Contact :
italie.chroniques@gmail.com

 

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