Dolcedo
Dans la vallée d'Imperia, au milieu des oliviers, bordée par les eaux limpides du Prino et du rio dei Boschi s'élève la petite cité de Dolcedo.
C'est ici en 1028, sur l'ancienne voie romaine menant au col de San Maurizio que le marquis Oldorico Manfredi élève un château. Le château et son territoire passent ensuite aux mains d'Ardino d'Ivrea, puis à la comtesse Adelaïde di Suza et enfin à Bonifacio di Savona.
En 1192 Dolcedo devient le refuge des familles importantes de Gènes avant d'être rattacher à cette république en 1233. Dolcedo se déclare autonome en 1238.
Du château il ne reste pas une pierre, à peine un souvenir. La culture de l'olivier initiée par les bénédictins des Iles de Lérins, elle, s'est perpétuée jusqu'à nos jours. C'est même la principale activité des villages de cette vallée.
Rive gauche de Dolcedo avec les habitations. Au centre, on distingue une ancienne tour (ou maison tour)
au-dessus des toits qui servait de tour de guet et de défense.
Pour arriver à Dolcedo depuis la sortie de l'autoroute à Imperia Ouest, il faut emprunter une petite route qui serpente au milieu des oliveraies, traverser un ponts étroits aux tomettes qui claquent sous les pneus, doubler quelques cyclistes pour s'arrêter face un pont romain.
Dolcedo est un village étendue, éclaté je dirais. A quelques centaines de mètres du centre, sur la colline voisine aux côteaux plantés de vignes trône l'oratoire Saint-Laurent ; sur la rive gauche les maisons suivent la rivière tandis que les principaux monuments, mairie, églises, écoles sont sur la rive droite.
Le village est presque désert. Plusieurs Allemands y résident à en juger par l'immatriculation des véhicules. Les Allemands apprécient ces villages de l'arrière-pays de la Riviera dei Fiori, installés au fond des vallées verdoyantes, à l'écart des touristes. Ils y goutent la tranquilité, les randonnées, le canyoning en été et les petits vins de pays.
Héron cendré à l'affût. il y en a plusieurs à nicher dans le lit de la rivière.
Dolcedo vit tranquillement au rythme du soleil. Au fond du vallon, un héron cendré scrute les reflets argentés de l'eau à la recherche de gardons. Il est moins regardant que celui de La Fontaine, en quelques minutes il en a gobé trois ou quatre. Rassasié, il s'en va, majestueux, se cacher dans les roseaux.
En cette heure matinale d'un jour d'été, le soleil n'est pas encore très haut dans le ciel, dessinant des ombres, accentuant les couleurs des architectures et de la végétation.
Le centre n'est composé que d'une seule rue avec une ancienne église et l'école communale. Pour accéder au parvis de l'église il faut franchir un porche fermé d'une lourde porte surmontée de la mairie. L'on arrive dans un monde clos, un espace sacré pavé de petits galets, les fameuses calades méditerranéennes. En face un passage voûté mène à un ancien moulin à huile et vers l'oratoire Saint-Laurent. Ici, un gué permet de franchir la rivière au milieu des cannes de Provence peuplées de libellules et de papillons.
Le parvis de l'église de Dolcedo
A l'approche de l'heure de la messe, le son des cloches résonne dans la vallée et les paroissiens s'engouffrent dans l'église San Tomaso apostolo reconstruite entre 1717 et 1738 par Filippo Marualdi.
L'entrée est soulignée par un petit porche aux arcs légèrement surbaissés accolé à la façade rectiligne et soutenu par de fines colonnes. Le tout rehaussé de motifs en stuc : olivier, corbeilles de fleurs ou guirlandes. Mais la surprise est à l'intérieur. On est étonné de trouver dans un si petit village une église aussi bien entretenue et d'une telle magnificence. Apparemment la nef a été repeinte récemment. Dans plusieurs villages de Ligurie, à Riva Ligure par exemple, les habitants préfèrent confier la réfection des décors à des artistes contemporains plutôt que de laisser leur église ou leur chapelle à l'abandon.
Choeur de l'église de Dolcedo
A Dolcedo, alors que la façade est colorée d'un vert rappelant le feuillage des oliviers ; dans la nef ce sont les bleus et l'or qui dominent même si par endroits du rose, du vert et du jaune apparaissent sur les piliers. Les peintures des retables du XVIIIe siècle, subsistent. Le maître-autel est décoré de bas-reliefs superposés sur une marqueterie de marbres polychromes. De charmants détails animent les entablements et les piliers. Ici ce sont des médaillons dorés, là, des visages d'anges ou des putti porteurs des roses et des phylactères virevoltant dans les nuées célestes.
Le maître autel
A la fin de la messe, il y a une atmosphère sur le parvis de l'église, le prêtre étant au milieu de ses paroissiens. Il a un mot pour chacun d'eux. On discute, on s'invite. Parfois cela se termine dans l'une des auberges du village le long de la rivière. Moment de convivialité entre les habitants avant que le village et la nature ne somnolent aux heures les plus chaudes de la journée avant de s'éveiller dans la soirée, laissant les rues désertes et les chemins environnants aux touristes égarés et aux amoureux de la nature.