Papiers d'oranges
A l'école maternelle, on s'amusait à faire rouler les oranges dans leurs papiers d'emballages. Nous roulions celui-ci d'une certaine façon et nous faisions des courses à la sortie de la cantine. Puis, ces petits papiers ont disparu de la circulation et de ma mémoire, jusqu'au jour où, sur le marché de Vintimille, je les redecouvris.
A l'origine, ils protégeaient les fruits des pourritures et des insectes. Les maladies ne pouvaient se propager d'un fruit à un autre. Arrivèrent dans les années 70, les traitements chimiques, moins chers, plus rapides à mettre en oeuvre. En Ligurie, en Calabre et en Sicile, les agriculteurs utilisent peu les pesticides et continuent à emballer leurs agrumes.
Pauvres petits papiers, délaissés, jetés, piétinés. Mais en les regardant de plus près, un monde de fantaisie s'est ouvert à moi. Ici, une femme capricieuse, là un magicien des vitamines, un poussin, un paon, un daim, un dragon, une charette sicilienne.
La quasi totalité des papiers viennent de Sicile, de la région de Catane en majorité (CT sur les papiers). Je m'interroge encore sur l'origine de ces dessins : pourquoi un poussin, un cavalier ou un coq. Est-ce le symbolisme du motif, est-ce en relation avec une exploitation, le nom de son propriétaire ? Parfois, il s'agit de la ville du grossiste comme cet emballage représentant la Mole Antioniella de Turin. Mais nombreux sont ceux qui restent une énigme pour moi.