Alassio et Laigueglia
Lorsque je ressens le besoin de me détendre pendant quelques heures ou le temps d’un week-end entre les premiers jours du printemps et le cœur de l’automne, je vais dans une de ces petites stations balnéaires de Ligurie, San Stefano, Diano Marina, Alassio ou Laigueglia.
Ce sont des anciens ports de pêche fondés aux X et XIe siècle passés sous la domination de Gènes dès la Renaissance. En 1528, Alassio obtient une plus grande autonomie commerciale pour avoir fourni dix-huit galères à Gènes pour combattre les Français. Pendant longtemps Alassio et Laigueglia ont tiré profit de la pêche au corail rouge. Puis, au XIXe siècle, le tourisme s’est imposé jusqu’à devenir la principale activité économique.
Plage d'Alassio.
Alassio et Laigueglia possèdent le même type de plan : une rue principale bordée de maisons parallèles à la mer ; chacune d’elle est protégée par une tour génoise de la Renaissance.
Mon premier souvenir de Laigueglia est un arrêt chez un glacier et la dégustation d’un succulent et rafraîchissant lait d’amandes. Dans cette même rue, la seule, mais à l’autre extrémité, l’échoppe “Farina et pomodoro” justifie à elle seule ma visite ici. C’est une petite cuisine avec à peine quelques mètres carrés pour accueillir les clients. Une grand-mère y prépare les meilleures pizzas du voisinage, sans parler de la foccacia di Recco à base de fromage fondu. Un coin de table, une petite bière et le bonheur est total au milieu des clients, des parfums de sauce tomates et pizzas chaudes.
Plage de laigueglia.
Laigueglia a conservé son charme désuet avec ses ruelles surmontées de passages voûtés, ses pêcheurs qui ramendent leurs filets. Alassio s’est davantage développée avec le tourisme. Des hôtels et des résidences de vacances bordent la périphérie du centre ancien. Malgré l’afflux des touristes, ces deux petites villes restent des stations familiales essentiellement fréquentées par les habitants des Gènes et de San Remo, sauf en pleine saison.
Il y a règne toujours, même en novembre, une atmosphère de Dolce vità tranquille. Pas d’excès, pas de bruit, on prend le temps. Le temps de regarder les enfants jouer sur la plage, d’admirer la lumière passer à travers son verre de vin blanc, de voir les feuilles de palmiers onduler sous la brise marine.
Alassio possède depuis plus de cinquante ans son Monument, c’est le Muretto. A l’origine, il s’agissait d’un simple muret soutenant un jardin public, aujourd’hui il est connu bien au-delà des frontières grâce aux centaines de céramiques qui le décorent. On s’y attarde, par curiosité à la recherche d’une signature connue.
La publicité joue volontiers sur l'aspect romantique des lieux et la Dolce Vità
Le peintre Mario Berrino se souvient de sa création en 1951 : “ j’étais tourmenté par l’idée de lui donner [au mur] un peu de grâce en lui mettant quelque ornement, l’occasion se présenta lorsque l’écrivain Hemingway séjourna à Alassio ; il fut enthousiaste à l’idée d’appliquer sur le petit mur des plaquettes de grès et de formes diverses, de couleurs vives et variées imprimées de célébrité de passage au Café Roma [en face]”.
La première plaque apposée fut donc celle d’Hemingway. Vinrent ensuite des poètes (Jacques Prévert), des artistes (Cocteau), des sportifs (Fausto Coppi) puis, des blasons des villes voisines, de régiments, d’association ; d’émissions télé populaires, des confréries religieuses… un joyeux mélange pour le grand bonheur des passants.
Sur le mur, des amoureux d’Eros Pellini se tiennent par la main. Ils me rappellent ceux de Taormine dans les jardins de Florence Trevelyan. Le jour de la Saint Valentin, les couples s’y donnent rendez-vous là, juste près des Amoureux de Peynet, et glissent quelques mots d’amour dans une petite boite aux lettres prévue à cet effet en souhaitant qu’ils se réalisent.