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Palmiers des Canaries dans les rues de San Remo. Phoenix canariensis Palmier des Canaries Origine : Iles Canaries Hauteur 20m. Ses feuilles peuvent atteindre 4 m. de long. Pétiole en forme de gouttière avec des épines acérées. Le clocher de la vieille ville de Bordighera aujourd'hui et vue par Claude Monet en 1884. En haut à droite : Claude Monet, "Jardin Moreno à Bordighera", 1884. Huile sur toile, 73 x 92 cm. Norton Museum of Art West Palm Beach En bas à droite : Claude Monet, "Effet de matin", 1884. Huile sur toile, 65,5 x 81,5 cm. Saint Petersbourg, Musée de l'Hermitage. Extrait du catalogue d'exposition "Monet a Bordighera", 1998. Voir la bibliographie. Ci-dessus : vendeuse de palmes tressées à Vintimille. Et deux exemplaires d'objets tressés pour les Rameaux. Messe des Rameaux à Nice. Extrait du livre de R. Castellana Syagrus romazoffiana Origine : Brésil, Argentine Hauteur : 20m. Feuilles légères, grandes, souples. Photographié à Bordighera. Ci-dessus : Washingtonia en fleurs à Borighera Washingtonia robusta Origine : Californie, Mexique palmier élancé, flexible pouvant atteindre 30 m. Stipe fin et gris. Stipe du Washingtonia robusta. L'église de Bordighera avec ses palmiers. Syracuse, en 2008. Les palmiers aujourd'hui ont disparu.	Palmiers de la Riviera italienne et d'ailleurs Je me souviens, c’était il y a bien longtemps déjà sur la Promenade au Clair de Lune de Dinard. En compagnie de membres d’une société de sciences naturelles, nous regardions un palmier de Chine (Trachycarpus fortunei). En Bretagne nord il résistait aux rigueurs du climat grâce au crin niché dans son stipe. Car les palmiers n’ont pas de tronc mais un stipe. Le palmier n’est pas un arbre c’est une plante, une herbe géante pour être exacte. Regardez de près, leur tige est parcourue de dizaines de petits vaisseaux contrairement à un arbre. Palmiers des Canaries dans les rues de Bordighera Arrivé sur la Riviera, j’en découvris des quantités de variétés. Ils sont vite devenus mes plantes préférées avec les agaves et les oliviers. J’aime leurs formes, leur histoire aussi. Le plus ancien fossile de palmier découvert à ce jour date de soixante millions d’années ; presque contemporains des dinosaures. Rheed Tot Drakestein en fit la première description botanique en 1678 dans son ouvrage Hortus Indiens Malabricus. Si le palmier est implanté dans les jardins royaux à l’issue des voyages de Bougainville et de Cook au XVIIIe siècle, ce n’est qu’au XIXe siècle qu’il devient un élément du paysage sur les côtes espagnoles, italiennes et du Sud de la France. La ville d’Hyères dans le Var prend le surnom d’Hyères les Palmiers à la Belle Epoque. Jardin public à San Remo. Washingtonia à gauche, au centre palmier des Canaries. Les Washingtonia ont conservé leur jupe faite de palmes dessechées. Sur la Côte d’Azur et la Riviera italienne, sa diffusion est due aux ressortissants anglais qui possédaient de nombreux jardins à Nice, Menton, Bordighera ou San Remo dont les armes représentent un lion avec un palmier. “On se voit comme par miracle transporté dans les chaudes contrées orientales de la vallée du Nil ou dans une de ces fraîches oasis africaines” écrit un touriste en 1874. “Bordighera est plus Palestine qu’Italie… Y-a-t-il quelque chose de caractéristique, de plus oriental, de plus 1001 nuits ?” se demande Charles Garnier en 1883 en regardant l’immense palmeraie qui borde sa villa. A l’époque, elle comptait plus de 15 000 de ces plantes, 2000 aujourd’hui. Palmiers des Canaries sur les hauteurs de San remo. Au premier plan à gauche, un bosquet de Chamaerops humulis, le seul palmier originaire de la Riviera italienne et de la Côte d'Azur. Celle-ci aurait été fondée sous l’antiquité par San Ampelio, le saint patron de la ville. Selon Strabon, ce sont des populations originaires d’Afrique du Nord qui importèrent les palmiers sur l’actuelle Côte d’Azur – à l’exception du palmier nain, Chamaerops humilis, originaire de la Riviera. Au Moyen Age, la réputation de Bordighera avait traversé les frontières. Jusqu’au siècle dernier, la ville exportait des palmes dans toute l’Europe ; les trois cents plus belles étant réservées par le Saint Siège. A Bordighera, on trouve plusieurs variétés de palmiers. Ceux qui composent la palmeraie sont des palmiers dattiers (Phoenix dactylofera) dont le nom latin vient de la ressemblance de leurs fruits avec des doigts. A gauche Washingtonia et à droite un Phoenix dactylofera dans les rues de Bordighera. A Vintimille, San Remo et Bordighera, à l’approche des fêtes des Rameaux, les habitants lient les palmes au sommet de la plante pour les faire blanchir. Une ou deux semaines avant les Rameaux, les marchands tressent les palmes en croix,en chrisme, en porte-cierges,en forme de roses, de bénitiers, de barques au coin des rues ou sur les marchés. Pendant la messe des Rameaux le prêtre les bénira en souvenir de l’entrée du Christ à Jérusalem. La palme sera solennellement brûlée le mercredi des Cendres de l’année suivante. Je suis toujours étonné par l’aisance avec laquelle les Italiens les tressent. Ils le font machinalement, les enfants aussi. Palmiers des Canaries la nuit. Esthétique des palmiers Ce que j’aime aussi chez les palmiers ce sont leurs formes. Il y en autant que de variétés. Les feuilles coriaces, d’un vert cireux brillent d’un vif éclat au zénith quand la brise les caresse ; au crépuscule elles prennent des reflets dorés. J’aime la silhouette isolée du palmier des Canaries, fièrement dressé, les palmes harmonieusement réparties autour du stipe avec le soleil qui les traverse. Les Français taillent les palmiers à ras, ne laissant que quelques palmes verticales qui les font ressembler à la mèche de Titeuf. Les Italiens les laissent retomber, ils n’enlèvent que celles qui sont mortes. Certains jardiniers laissent aussi toutes les palmes, ce qui forme une jupe autour du stipe. Cela peut être utile contre les rigueurs du climat. Le stipe du palmier est parcouru de cicatrices, les marques des anciennes palmes. Parfois ovoïdes, parfois entre croisées formant des motifs décoratifs. Un autre de mes palmiers préférés est le Syagrus Romazoffiana originaire d’Amérique du Sud. Il possède des palmes longues et beaucoup plus souples que les autres, ce qui lui confère un aspect luxuriant. Washingtonia en fleur à Bordighera. Menace sur les palmiers Malheureusement, en quelques années, les palmiers disparaissent. J'avais apprécié dans la vieille ville de Syracuse, un endroit planté d'une mini palmeraie où se prélassaient de nombreux chats en 2008. En 2013, les palmiers ont été coupés. A Bordighera, en 2012, la façade de l'église de Garnier était encadrée de deux superbes palmiers des Canaries. Ils n'existent désormais plus que sur mes photos. Dans cette rue, de nombreuses plantes sont réduite au tronc recouvert d'un filet rempli d'un insecticide. A Vintimille aussi de plusieurs palmiers ne sont plus que des troncs. La raison ? le charançon du palmier (Rhynchophorus ferrugineus), un petit coléoptère originaire d'Asie dont les larves se nourrissent du corps de la plante. Le premier cas en France a été signalé en 2006 , en 2007 à Bordighera. De proche en proche, l'insecte peut voler sur 7 km, il colonise toute la Méditerranée. Des traitements et des procédures ont été mis en place. Si vous constatez leur présence dans votre jardin, vous devez prévenir votre mairie. Le bord de mer à San Remo.	Ci-dessus : une rue de Bordighera. Au premier plan à droite, un palmier de Chine. A gauche, deux Washingtonia robusta Ci-dessus : Trachycarpus fortunei ou palmiers de Chine. On le reconnait, entre autres, au crin sur son stipe. Trachycarpus fortunei Palmier de Chine Originaire de Chine Peut atteindre 12 m. de haut Palmes en arc de cercle. Stipe avec du crin. Pendant longtemps on a utilisé son crin pour rembourrer les matelas. Ci-dessus : Les armoiries de San Remo La ligature des palmes à Bordighera au XIXe siècle. Extrait du livre de R. Castellana, Les Palmiers de la passion, Rom édition. voir la bibliographie. Dattes du Phoenix dactylofera Phoenix dactylofera Palmier dattier Originaire du Moyen Orient Il serait issu du Phoenix sylvestris Son origine est toujours sujette à discussion (voir bibliographie) Atteint 20 m de haut Feuilles pennées recouvertes d’une fine couche de cire pour limiter l’évaporation. Stipe droit. Chamaerops humilis Palmier nain Originaire de la Riviera Jusqu’à 2m. de haut Ressemble au palmier de Chine mais le pétiole des feuilles est épineux Pétiole épineux du Chamaerops humilis. Ci-dessous : les dates du Chamaerops humilis. Dattes du palmier des Canaries Ci-dessus : quelques effets de lumières et d'ombres. Palmier des Canaries. Retrouver ces chroniques dans mon livre "Bonjour les Italiens" Contact : italie.chroniques@gmail.com http://www.france-palmier.com/ http://fr.wikipedia.org/wiki/Arecaceae sur le charançon du palmier : http://fr.wikipedia.org/ Retour vers la liste des chroniques Retour vers le haut de page

Palmiers de la Riviera italienne et d'ailleurs

Je me souviens, c’était il y a bien longtemps déjà sur la Promenade au Clair de Lune de Dinard. En compagnie de membres d’une société de sciences naturelles, nous regardions un palmier de Chine (Trachycarpus fortunei). En Bretagne nord il résistait aux rigueurs du climat grâce au crin niché dans son stipe. Car les palmiers n’ont pas de tronc mais un stipe. Le palmier n’est pas un arbre c’est une plante, une herbe géante pour être exacte. Regardez de près, leur tige est parcourue de dizaines de petits vaisseaux contrairement à un arbre.

Palmiers des Canaries dans les rues de Bordighera

Arrivé sur la Riviera, j’en découvris des quantités de variétés. Ils sont vite devenus mes plantes préférées avec les agaves et les oliviers. J’aime leurs formes, leur histoire aussi.

Le plus ancien fossile de palmier découvert à ce jour date de soixante millions d’années ; presque contemporains des dinosaures. Rheed Tot Drakestein en fit la première description botanique en 1678 dans son ouvrage Hortus Indiens Malabricus. Si le palmier est implanté dans les jardins royaux à l’issue des voyages de Bougainville et de Cook au XVIIIe siècle, ce n’est qu’au XIXe siècle qu’il devient un élément du paysage sur les côtes espagnoles, italiennes et du Sud de la France. La ville d’Hyères dans le Var prend le surnom d’Hyères les Palmiers à la Belle Epoque.

Jardin public à San Remo. Washingtonia à gauche, au centre palmier des Canaries. Les Washingtonia ont conservé leur jupe
faite de palmes dessechées.

Sur la Côte d’Azur et la Riviera italienne, sa diffusion est due aux ressortissants anglais qui possédaient de nombreux jardins à Nice, Menton, Bordighera ou San Remo dont les armes représentent un lion avec un palmier.

“On se voit comme par miracle transporté dans les chaudes contrées orientales de la vallée du Nil ou dans une de ces fraîches oasis africaines” écrit un touriste en 1874. “Bordighera est plus Palestine qu’Italie… Y-a-t-il quelque chose de caractéristique, de plus oriental, de plus 1001 nuits ?” se demande Charles Garnier en 1883 en regardant l’immense palmeraie qui borde sa villa. A l’époque, elle comptait plus de 15 000 de ces plantes, 2000 aujourd’hui.

Palmiers des Canaries sur les hauteurs de San remo. Au premier plan à gauche, un bosquet de Chamaerops humulis,
le seul palmier originaire de la Riviera italienne et de la Côte d'Azur.

Celle-ci aurait été fondée sous l’antiquité par San Ampelio, le saint patron de la ville. Selon Strabon, ce sont des populations originaires d’Afrique du Nord qui importèrent les palmiers sur l’actuelle Côte d’Azur – à l’exception du palmier nain, Chamaerops humilis, originaire de la Riviera.

Au Moyen Age, la réputation de Bordighera avait traversé les frontières. Jusqu’au siècle dernier, la ville exportait des palmes dans toute l’Europe ; les trois cents plus belles étant réservées par le Saint Siège.

A Bordighera, on trouve plusieurs variétés de palmiers. Ceux qui composent la palmeraie sont des palmiers dattiers (Phoenix dactylofera) dont le nom latin vient de la ressemblance de leurs fruits avec des doigts.

A gauche Washingtonia et à droite un Phoenix dactylofera dans les rues de Bordighera.

A Vintimille, San Remo et Bordighera, à l’approche des fêtes des Rameaux, les habitants lient les palmes au sommet de la plante pour les faire blanchir. Une ou deux semaines avant les Rameaux, les marchands tressent les palmes en croix,en chrisme, en porte-cierges,en forme de roses, de bénitiers, de barques au coin des rues ou sur les marchés.

Pendant la messe des Rameaux le prêtre les bénira en souvenir de l’entrée du Christ à Jérusalem. La palme sera solennellement brûlée le mercredi des Cendres de l’année suivante. Je suis toujours étonné par l’aisance avec laquelle les Italiens les tressent. Ils le font machinalement, les enfants aussi.

Palmiers des Canaries la nuit.

Esthétique des palmiers
Ce que j’aime aussi chez les palmiers ce sont leurs formes. Il y en autant que de variétés. Les feuilles coriaces, d’un vert cireux brillent d’un vif éclat au zénith quand la brise les caresse ; au crépuscule elles prennent des reflets dorés.

J’aime la silhouette isolée du palmier des Canaries, fièrement dressé, les palmes harmonieusement réparties autour du stipe avec le soleil qui les traverse. Les Français taillent les palmiers à ras, ne laissant que quelques palmes verticales qui les font ressembler à la mèche de Titeuf. Les Italiens les laissent retomber, ils n’enlèvent que celles qui sont mortes. Certains jardiniers laissent aussi toutes les palmes, ce qui forme une jupe autour du stipe. Cela peut être utile contre les rigueurs du climat.

Le stipe du palmier est parcouru de cicatrices, les marques des anciennes palmes. Parfois ovoïdes, parfois entre croisées formant des motifs décoratifs.

Un autre de mes palmiers préférés est le Syagrus Romazoffiana originaire d’Amérique du Sud. Il possède des palmes longues et beaucoup plus souples que les autres, ce qui lui confère un aspect luxuriant.

Washingtonia en fleur à Bordighera.

Menace sur les palmiers
Malheureusement, en quelques années, les palmiers disparaissent. J'avais apprécié dans la vieille ville de Syracuse, un endroit planté d'une mini palmeraie où se prélassaient de nombreux chats en 2008. En 2013, les palmiers ont été coupés.

A Bordighera, en 2012, la façade de l'église de Garnier était encadrée de deux superbes palmiers des Canaries. Ils n'existent désormais plus que sur mes photos. Dans cette rue, de nombreuses plantes sont réduite au tronc recouvert d'un filet rempli d'un insecticide. A Vintimille aussi de plusieurs palmiers ne sont plus que des troncs.

La raison ? le charançon du palmier (Rhynchophorus ferrugineus), un petit coléoptère originaire d'Asie dont les larves se nourrissent du corps de la plante. Le premier cas en France a été signalé en 2006 , en 2007 à Bordighera. De proche en proche, l'insecte peut voler sur 7 km, il colonise toute la Méditerranée. Des traitements et des procédures ont été mis en place. Si vous constatez leur présence dans votre jardin, vous devez prévenir votre mairie.

Le bord de mer à San Remo.