villa de poppée vue générale
Vue générale de la villa de Poppée à Torre Annuziata
(oplontis)


Salon de la villa d'Oplontis avec son
architecture illusionniste
du 2e style représentant un sanctuaire d'Apollon
reconnaissable au trépied placé derrière une grille

oplontis détail d'une peinture d'un viridarium
Oplontis, détail d'un viridarium.
Le fond jaune est caractéristique de la période
de Néron. Auparavant on lui
préférait le bleu.

 

villa de poppée, fresques

Oplontis et la villa de Poppée

La caissière et le pizzaïolo d'Herculanum m'avaient prévenu, Oplontis ou aujourd'hui, Torre Annuziata, ça craint ! Tous m'ont dit de faire attention aux "ladroni", aux voleurs. De fait dès la sortie de la gare, le décor est planté. Un pickpocket inspecte tous les voyageurs qui vont et viennent dans le hall ; la ville semble miséreuse, presque tous les véhicules sont munis d'anti-vols très apparents, de véritables blindages pour certains.

Passés la gare, nous sommes seuls dans les rues en ce début d'après-midi à l'exception de quelques désoeuvrés. Et dire que c'est le long de cette côte qu'étaient construites les plus belles villas antiques, les plus luxueuses, les plus opulentes.

Peu fréquenté par les touristes, l'accueil à l'entrée du site s'en ressent même si la caissière est très aimable : pas de bâtiment moderne pour la caisse, des préfabriqués, des toilettes de chantier et bien sûr aucune librairie spécialisée. En contrebas, la villa apparaît dans toute son étendue depuis le niveau du sol actuel, six ou sept mètres plus bas. Nul besoin d'être féru d'archéologie pour comprendre que l'on domine les ruines d'un édifice exceptionnel. La villa porte le nom de l'Impératrice Poppée, la femme de Néron qui en fut la première propriétaire. Poppée, un peu plus âgée que l'empereur, fut sans doute la seule femme que Néron aima vraiment. Elle décède alors qu'elle attend un enfant de lui. Les raisons de sa mort restent sujettes à discussions : d'après certains, fidèles à la version de Suétone, c'est Néron qui la tua d'un coup de pied alors que pour d'autres auteurs l'empereur est hors de cause. Après la chute de Néron, la maison fût vendue et elle était en cours de restauration pendant l'éruption du Vésuve en 79 ap. J.C. A l'époque l'édifice était isolé du reste de la ville par un immense jardin, autre indice de sa destination aristocratique.

La visite n'est ni fléchée, ni indiquée par aucune plaque, c'est donc par un couloir étroit et sombre choisi au hasard que j'ai pénétré dans la maison pour déboucher sur l'atrium de la villa découverte en 1964.

Les murs sont entièrement recouverts de fresques du second style du sol au plafond. Après la grisaille de la ville et les Algecos de l'accueil, quel contraste ! Les rouges ont conservé tout leur éclat, les trompe l'oeil leur effet illusionniste. Il s'agit d'un des ensembles de peintures romaines parmi les plus exceptionnels avec la Villa des Mystères de Pompéi et pourtant assez méconnu.


Villa de Poppée à Oplontis : triclinium. Le long des murs de cette salle à manger,
étaient disposés les lits surl lesquels les convives se restauraient.
2e style avec ses plinthes de faux marbres supportant des colonnes encadrant
des portes ouvrant sur des espaces peuplés de statues

Dans le triclinium des portails peints s'ouvrent sur une colonne soutenant une divinité, des paniers de figues sont disposés sous les arcades. La cuisine est juste à côté, obscure, sans décor. Un comptoir en brique où étaient préparés les aliments coure sur la longueur d'un mur, une sorte d'évier en pierre occupe le centre d'un autre mur tandis que les traces d'un appentis trahit la présence du logement des domestiques.

Je me demande combien ils étaient à servir ici en parcourant le long couloir vers la piscine en imaginant des scènes de péplum. Ce couloir de plusieurs dizaines de mètres est rythmé de bancs où l'on se reposait après le bain. A l'extérieur une pelouse de soixante mètres sur dix a remplacé la piscine. Elle était bordée de statues conservées au Musée Archéologique de Naples.

Toute la façade de l'édifice faisant face à la piscine était occupée par des salons jadis orné de plinthes de marbres et de peintures naturalistes, des fenêtres intérieurs permettaient de voir les pièces en enfilades et de jouir de la présence des viridarium , des petits jardins intérieurs. Ici plantes véritables se mêlaient aux décors en trompe l'oeil des parois peuplé de d'oiseaux et d'arbustes.

Lorsqu'elle a été détruite cette villa était en plein travaux. Elle fut construite, d'après Gilles Sauron (bibliographie) vers -50 av. JC par le consul Pupuis Piso un proche de l'empereur Pompée (106 - 48 av JC). Pupius Piso nettoya les côtes romaines des pirates. La peinture du salon (à gauche) s'inspirerait du complexe du champs de Mars, la torchère au sol, le trépied encadré par les étoiles de Castor et pollux seraient une allégorie de son âme, les paons ceux de l'ile de Planasia. Ensuite la famille tomba en disgrâce et la villa fut attribuée à la famille Poppaei dont une des filles, Poppée, épousa Néron. C'est elle qui fit commencer des travaux de restaurations et notamment peintures de fontaines et de végétaux sur fond jaune.

Après le Musée Archéologique, après Pompéi, après Herculaneum, les images se bousculent dans ma tête et je prends quelques minutes de repos dans les anciens jardins pour m'imprégner des lieux. Ici, dans une ville en plein sommeil, écrasée par une chaleur annonciatrice d'orage, il me semble entendre résonner les claquements de mains et les ordres de la maîtresse de maison, assez capricieuse paraît-il, depuis l'atrium, mais ce ne sont que les voix des quelques ouvriers qui travaillent dans l'autre partie de la villa.

A l'exception du confort moderne, ces villas impériales n'avaient rien à envier aux plus luxueuses de nos propriétés. Les oeuvres de Lawrence Alma Tadema me reviennent en tête, images de femmes alanguies dans des décors tel que celui-ci. Archéologue de formation, je n'aurais jamais cru avoir le privilège de toucher - au sens propre - le passé de si près. Après quelques jours passés au milieu des ruines, il me semble mieux connaître mais surtout mieux comprendre ce peuple dont je suis, dont nous sommes tous les héritiers. Des hommes. seuls subsistent quelques graffitis, ces corps figés de douleur, une empreinte, une inscription au dos d'un bracelet d'esclave. Peut-être un jour aurons nous la chance de retracer la destinée de quelques uns et de retrouver leurs descendants.

Villa de Poppée, oplontis triclinium
Au centre :
partie centrale du tricilinium
Oplontis, villa de Poppée

oecus villa de poppée
Oplontis, salon face au jardin

oplontis villa de poppée cuisineVilla de Poppée, cuisines

oplontis villa de poppée viridarium
Viridarium de la villa de Poppée
petit jardin intérieur. Ces jardins intérieurs faisaient
prolongement aux jardins réels.

Vila de poppée, oplontis, latrines
Villa de Poppée, latrines

Villa de poppée oplontis
Oplontis, Villa de Poppée, salon

Renseignements pratiques :

Oplontis :
GPS: 40 °44'80.80"N - 14 °27'49.40" E

http://fr.wikipedia.org/wiki/Popp%C3%A9e
http://fr.wikipedia.org/wiki/Oplontis

Sur les sites archéologiques (site offciel) :
http://www.pompeiisites.org/

Pages associées
Herculanum
Pompéi
Stabie : villa Ariana et San Marco

A lire :
Voir la bibliographie et
La revue "L'Histoire", HS n° 1, oct 2009
consacrée à Néron
(en co-édition avec Dargaud)

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