Un Italien ! Et noble de surcroît. Moi qui pensais descendre de Bretons pur souche ! Le mélange du marbre du granit. Ce n'est pas pour me déplaire. C'est vrai que nous avons des points communs : la forme du visage et des yeux, l'implantation des cheveux. J'ai toujours aimé les variétés et les voitures italiennes depuis ma plus tendre enfance. Les gènes sans doute. Commence alors une enquête, une traque à tout ce qui pouvait me rapprocher de lui. Inspection des draps et des couverts à ses initiales, analyse des photos à la recherche d'un hypothétique indice, conversations familiales dans l'espoir d'arracher un mot, une confidence, quelque chose. Un nom, une région reviennent souvent des souvenirs de voyages : Lago Maggiore. D'une conversation avec un vieil érudit de la société d'archéologie locale j'apprends que Margelli vient de "marge", de "frontière", d'origine lombarde voire plus anciennement de Suisse. Puis bien des années plus tard, attiré par l'homonymie de son nom, la rencontre avec un autre descendant de cet "illustre ancêtre" lors d'une foire la châtaigne dans un petit port breton. Tout se recoupe. Nous avons la même histoire à l'exception d'un ou deux détails sur sa résidence : villa ou château. Il me révèle que la fiancée du comte est passée en France, cachée dans un sac de pommes de terre pour la soustraire au contrôle des militaires français. Départ de Bretagne pour Menton, Alpes-Maritimes, dernière ville française avant l'Italie. Je réussis à consulter une édition publique du grand livre de la noblesse italienne. Margeli il y figure bien. Il a été anobli, élevé au rang de seigneur par Charles Quint lui même le 20 mars 1532. L'origine du nom vient effectivement du nord de l'Italie, plus précisément de Vercelli. Au milieu des rizières où les moustiques ont fait de nombreuses victimes. Le Lac Majeur et la région du Piémont, de Marengo, de Vercelli, ont été effectivement occupés par les Français pendant les guerres napoléoniennes. C'est donc par cette région que je commencerai mon enquête sur le terrain. Avant de m'élancer sur les autoroutes de la plaine du Pô, il me fallait franchir la frontière et traverser Ventimiglia, tel le Rubicon, ce serait pour moi une révélation. |
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